Jeudi 13 novembre 2025
De 13h à 14h
École d’architecture Paris-Malaquais
1 rue Jacques Callot (5e étage) – Paris VIe
Entrée libre dans la limite des places disponibles (apportez discrètement votre déjeuner)
Le séminaire de Master du département PASS (Pratiques Architecturales, Situations et Stratégies) a pour thème : « Enquêtes architecturales – scènes, documents, recherches ». Dans ce cadre, plusieurs conférencières et conférenciers sont invités à partager leurs travaux au croisement de l’histoire, des pratiques documentaires et de l’archive.
« Mon projet s’inscrit dans le cadre d’un doctorat en recherche-création. À ce binôme j’ajoute encore un troisième pilier, ou dimension, celle de l’autobiographie. Des doutes concernant des documents administratifs m’ont mené à soupçonner que plus d’une personne dans ma famille aurait commis un même délit : falsifier ses papiers pour se procurer une nouvelle identité. Plutôt qu’une quête de mes « vraies » origines, ces doutes me permettent d’introduire une interrogation plus vaste, portant sur les rapports complexes, dynamiques, voire performatifs, qui se jouent entre nos identités et nos identifiants. Car, en falsifiant leur passé, mes ancêtres ont de facto instauré un avenir, qui est à l’origine de cette identité que je vis aujourd’hui comme la « mienne ». Ou, autrement dit, le faux a pu produire du vrai.
Il s’agit donc de mettre ce paradoxe au service d’une réflexion théorique et d’une pratique plastique qui dépassent le caractère anecdotique de mes récits familiaux, afin de poser des questions qui concernent tout un chacun. Par exemple : au-delà du simple délit, que peut nous révéler une fraude commise dans le contexte de persécution qui a été celui du siècle dernier ? Et quelles peuvent être les répercussions de la mise au jour de ces fraudes ? Mais surtout : qu’est-ce qu’une œuvre « documentaire » lorsqu’elle ne se limite plus à enregistrer les faits, mais est à même de produire des retombées concrètes, s’exposant à des conséquences juridiques ? Comment se matérialise un « art documentaire » qui, refusant toute fiction et fabulation, prendrait part à la construction, voire à la reconstruction critique du réel ? »
Daniel Jablonski est un artiste plasticien, professeur et chercheur. Il vit et travaille entre le Brésil et la France, où il fait un doctorat par le projet en arts à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy & CY Cergy Paris université (FRA).
Alliant théorie et pratique, il applique des méthodes de recherche à sa propre vie quotidienne, afin de produire des oeuvres d’art qui puissent fonctionner comme de véritables « études de cas ». Ces projets ont fait l’objet d’expositions individuelles et collectives en Amérique latine et à l’étranger, notamment à l’Instituto Tomie Ohtake (São Paulo, BR), à la Fundación ArtNexus (Bogota, COL) et à la Fondazione Antonio Ratti (Côme, IT). Ses écrits, comprenant des entretiens, des traductions et des essais, sont publiés dans des magazines d’art et de littérature, tels que Serrote (São Paulo, BR) et Octopus Notes (Paris, FR), ainsi que dans des publications indépendantes et des journaux académiques, comme Concinnitas et Poiésis (Rio de Janeiro, BR).
Au cours de ces dernières années, il a été lauréat de plusieurs prix lors de foires et d’expositions, et a été nommé deux fois au prix d’art brésilien PIPA, ainsi qu’au programme de subventions et de commandes de la Cisneros Fontanals Art Foundation (Miami, USA). Il a participé à de nombreuses résidences internationales, notamment à Lugar a Dudas (Cali, COL), à la Fonderie Darling (Montréal, CAN), à la Cité internationale des arts (Paris, FR) et à la Terra Foundation (Giverny, FR). Il a également enseigné à l’École d’arts visuels du Parque Lage (Rio de Janeiro, BR), et a coordonné le programme d’histoire de l’art moderne et contemporain au Musée d’art de São Paulo (São Paulo, BR), de 2017 à 2021.
Le séminaire PASS est dirigé par Soline Nivet, avec Yves Bélorgey, Margaux Darrieus et Océane Ragoucy.
Prochain·es invité·es du séminaire PASS :
André Tavares (27/11 de 13h à 14h)