10 Mar 2021
Dans L’Urgence et la patience, un court ouvrage réflexif sur son travail et son processus d’écriture, Jean-Philippe Toussaint consacre un chapitre entier aux nombreux hôtels qui parsèment ses romans. Il y écrit notamment : « Il y a des hôtels dans presque tous mes livres ». Pourquoi un tel effet d’annonce, et pourquoi l’hôtel ? Si tout paraît instinctivement lier la solitude du narrateur toussaintien à cette figure particulièrement représentative de l’anonymat, du passage et de l’isolement, l’hôtel se manifeste également comme un espace vécu, voire habité, voué à des séjours prolongés. Autant espaces de transit que refuges habitables, autant dortoirs impersonnels qu’appartements familiers, les chambres où logent les personnages toussaintiens oscillent entre le lieu et le non-lieu. En quoi l’hôtel dessine-t-il paradoxalement, dans les romans de Jean-Philippe Toussaint, les contours d’un espace éminemment quotidien ? En quoi ce lieu de passage anonyme et générique permet-il d’incarner la solitude des habitant·e·s des grandes métropoles et questionne-t-il, en creux, la pauvreté de nos modes d’habiter contemporains ?
Clémentin Rachet est architecte HMONP, doctorant à l’ENSA Nantes. Ses recherches portent sur les espaces banals et quotidiens qui façonnent le roman contemporain. Il collabore depuis 2017 avec l’agence d’architecture et de recherche en prospective urbaine Ferrier Marchetti Studio.
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