La cathédrale, la mémoire et l’amnésie
déc. 2020 William Blake & Co
Auteur(s)
Aurélien Davrius
n°ISBN
978-2-84103-230-3
Ville libre d’Empire, protectorat de facto du royaume France à partir de1552, puis incorporée en 1648, Metz se voit annexée au Second Reich en 1871, avant de redevenir française en 1918. C’est l’histoire d’une ville de l’entre-deux qui se lit dans l’architecture messine. Le quartier de la Neue Stadt, bien sûr, rappelle ce passé germanique;la «gothisation» de la cathédrale à la fin du XIXe siècle aussi. Partant de l’exemple de l’entrée principale de la cathédrale Saint-Étienne remaniée par le Reich, cette étude vise à relever le caractère symbolique que Metz avait revêtu pour la monarchie française et qu’elle revêtit de nouveau, mais cette fois pour la monarchie impériale prussienne, au-delà du rôle purement stratégique qu’elle jouait pour les deux nations successives.
Louis XV, au milieu du Siècle des Lumières,chargea son architecte Jacques-François Blondel d’aménager les abords de la cathédrale, en créant trois places et en construisant un portique monumental, véritable ex-voto à la gloire du Prince, en style classique. Un siècle plus tard, Guillaume II fera démonter cette entrée, jugée trop française, pour effacer le souvenir de l’ancienne puissance dominante. C’est un portail néo-gothique qu’il fait édifier sur les dessins de son architecte Paul Tornow, digne de la haute culture du Second Reich. Le kaiser se fit représenter lui-même sous les traits du prophète Daniel, statue intégrée dans le décor du portail. Guillaume II tenta d’effacer et de remplacer Louis XV.
Afin de mieux comprendre les luttes de pouvoir entre France et Allemagne qui se nouèrent àMetz, à travers les œuvres d’architecture, cette étude se propose d’élargir la question à l’ensemble du contexte franco-allemand, de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe. Les travaux de la cathédrale de Metz n’offrent qu’une pièce d’un puzzle beaucoup plus vaste, dont on peine à saisir tous les tenants et aboutissants. Il faut faire remonter cette rivalité à l’époque des armées napoléoniennes occupant et humiliant la Prusse, de la récupération de la figure de Vercingétorix par Napoléon III, de l’appropriation d’un certain style architectural par Guillaume II,mais aussi des chantiers d’achèvement des cathédrales de Cologne ou d’Ulm.Sur la base d’une riche iconographie, des articles de presse de l’époque ou encore de fonds archivistiques peu exploités, c’est un double portrait de la ville de Metz qui s’offre au lecteur: une ville à la fois royale et impériale.
Au sommaire :
De l’Empire romain au Saint-Empire romain germanique
Au carrefour de l’empire germanique et de la royauté française : une république patricienne indépendante
Partie I : Metz royale
Metz et la politique royale d’embellissements
Le portique de la cathédrale : un monument royal pour symboliser le Prince
Un portique classique pour une cathédrale gothique
Blondel théoricien et architecte d’un gothique des Lumières
Partie II : Metz impériale
« Architecture allemande » (Goethe, 1772)
Du gothique au classique, et retour : menaces sur l’œuvre de Blondel
Paul Tornow, le « Viollet-le-Duc de Metz »
Une gothisation du gothique
Le Kaiser et l’équerre
La fabrique d’un art national
Gothique français contre gothique allemand : l’architecture comme enjeu national
Auteur : Aurélien Davrius, enseignant à l’ENSAPM
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