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La fabrique vivrière

Territorialisation et appropriation des terres réunionnaises à la fin de l’ère sucrière

2024

Auteur(s)

Ambre Guetin

Enseignant(s)

Marie Menant, Sami Aloulou

Département

AAP

54 % de la surface agricole utile réunion- naise sert la monoculture du sucre. 95 % de cette production est exportée. Cette logique extractiviste s’ancre dans une longue histoire d’exploitation des sols et des corps, issue de l’époque coloniale. Les étalages des supermarchés ont de quoi surprendre. Le riz, les tomates, la viande : importés. Le coût des vivres essentielles sur l’île est écrasant.
Autour de l’usine Vue Belle, dans les hauts de Saint-Paul, les habitants racontent avec douleur la mémoire de l’esclavage, de l’engagisme et, parfois avec une certaine nostalgie l’époque ouvrière, le tan lontan. Pour les anciens travailleurs de Vue-Belle et leurs descendants, ces héritages compliquent aujourd’hui l’accès à la propriété – l’habitat ayant toujours appartenu à l’usine – et l’impression d’un accaparement des terres est permanent. En effet, les terres agricoles alentours sont pour la majorité la propriété des anciennes sociétés coloniales. En parallèle, les opérations plus récentes sur le quartier, nécessaires face à la demande en logement, s’accompagnent d’une perte de sociabilité mais aussi d’es- pace : les cases perdent leurs jardins nourriciers. La fabrique vivrière est alors un lieu accompagnant la diversification agricole, telle qu’elle est portée par les associations locales, par et pour les Réunionnais·es. Sur les ruines de l’agro-industrie sucrière se réactive alors la circulation des savoirs et des savoir-faire, via des espaces collectifs, de la culture à la vente.

version numérique en ligne (réservée aux abonnés ArchiRès)

54% of Reunion’s agricultural land is used for sugar monoculture. 95% of this production is exported. This extractivist logic is rooted in a long history of soil and body exploitation
of the colonial era. Supermarket displays imported food. The cost of essential foodstuffs on the island is overwhelming. Around the Vue Belle factory, the island’s inhabitants recount the pain of the past. The memory of slavery, engagism and, sometimes with a touch of nostalgia, the working-class era. For the former workers of Vue-Belle and their descendants, these legacies access to property ownership – since the housing has always belonged to the factory – and the impression of land grabbing is permanent. Indeed, most of the surrounding farmland are for the most part the property of former colonial companies.At the same time, more recent developments in the area, necessary to meet the demand for housing, are accompanied by a loss of both sociability and space: the cases are losing their gardens. The fabrique vivrière is therefore a place that supports agricultural diversification, as carried by and for the people of Reunion Island. On the ruins of the sugar agro-industry reactivates the circulation of knowledge and savoir-faire, via collective spaces, from cultivation to sale.

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