Doctorante
Marion Emery est architecte HMONP. Après avoir travaillé quelques années en tant qu’architecte et urbaniste dans des agences parisiennes, elle se consacre aujourd’hui à la recherche et à l’enseignement en parallèle de sa pratique. Elle mène sa thèse en architecture au sein du LIAT, (ENS PSL) sous la direction de Dominique Rouillard. Intitulée « Traverser Paris par l’autoroute : mobilisations, contestations, alternatives (1956-1976) », sa recherche s’attache à analyser les projets autoroutiers pour Paris pensés à la fin des années 1950, par le biais des contestations et des résistances dont ils ont fait l’objet. Maîtresse de conférence associée à l’ENSA Paris-Malaquais, elle enseigne le projet, ainsi que l’histoire et la théorie de l’architecture au sein d’un séminaire de recherche.
Résumé de thèse
Traverser Paris par l’autoroute : contestations, mobilisations, alternatives (1956-1976)
sous la direction de Dominique Rouillard.
Les résistances contre les autoroutes ne sont pas la conséquence de la crise environnementale de ces dernières décennies. Elles cohabitent à partir des années 1950 avec la concrétisation de projets d’autoroute. Si le rapport que l’infrastructure entretient avec le paysage qu’elle traverse est complexe, celui de l’autoroute urbaine avec la ville ancienne s’annonce encore plus problématique : la coupure urbaine qu’elle entraine compromet dans la grande majorité des cas sa concrétisation. Dès sa conception est projeté sur l’autoroute urbaine un double point de vue ambivalent, qu’il s’agit d’éclairer. D’une part celui des aménageurs et des concepteurs pour qui l’autoroute urbaine constitue la réponse héroïque et moderne aux problèmes urbains de la fin dans années 1950 : résoudre le problème de la circulation généré par l’essor flamboyant de l’automobile ; tout en permettant aux territoires urbains qu’elle traverse considérés comme « délaissés » de retrouver leur « équilibre ». L’infrastructure est ainsi conçue comme une nouvelle centralité, un monument moderne générateur de projets garant d’un rayonnement urbain certain. D’autre part, parallèlement à la publication de réseaux d’autoroutes qui quadrillent les villes, un autre rapport à l’infrastructure s’établit. La confrontation de l’infrastructure à la ville ancienne provoque de nombreuses contestations, exprimées aussi bien par les mobilisations citoyennes que par des architectes et des urbanistes critiques. A la promesse de la toute-puissance technique et infrastructurelle s’oppose la défense d’un cadre de vie. L’héritage moderne est malmené, le futur de la ville est controversé et la question urbaine devient publique.
Le cas d’étude auquel la thèse s’attache et celui de Paris, et son plan autoroutier qui propose en 1959, une multitude d’autoroutes, de radiales, de voies express, dont l’objectif est de traverser et de desservir la ville le plus vite possible et de relier son cœur aux autoroutes qui convergent vers elle. Cette recherche vise à analyser la participation des discours critiques et contestataires dans la disparition des tracés d’autoroutes traversant les villes des grands plans d’aménagement après 1975, et la relation qui peut être établie entre le discours critique du milieu architectural et le discours contestataire des citoyens contre les infrastructures. Du débat urbain public que ces projets infrastructurels ont provoqué, remettant en cause le bien-fondé de la modernité et du progrès, émerge des questions patrimoniales et environnementales ainsi qu’une multitude d’alternatives. Elles ont pour conséquence la disparition de l’autoroute urbaine des grands centres anciens – d’un point de vue formel d’abord, par l’enterrement de son tronçon quand cela est économiquement envisageable – puis sa disparition définitive, par l’abandon de nombreux tracés.
Publications principales
- « Lignes de vie des Etats-Unis : les autoroutes magiques de l’entreprise Disney », article dans l’ouvrage collectif du LIAT Magie-Magique, La déraison des infrastructures, dirigé par Dominique Rouillard, novembre 2024.
- « Traverser Paris par l’autoroute, un projet contesté » publication des actes du Séminaire Inventer Le Grand Paris, Séance 3 – Un demi-siècle de boulevard périphérique (1973-2023), École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Belleville, en ligne : https://www.inventerlegrandparis.fr/seminaire-igp/seminaire-igp-2023/un-demi-siecle-de-boulevard-peripherique-1973-2023/