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La commande des photographies d'architecture

Au croisement des enjeux de communication et de collaboration


 

Descriptif de l’intensif

 

La photographie d’architecture occupe une place essentielle dans la diffusion et la communication d’un projet d’architecture. Elle répond généralement à une commande normée, en fonction de codes propres à chaque époque. Aujourd’hui, ce sont souvent des images présentant des espaces parfaitement rangés, baignés de lumière naturelle et dépourvus de vie humaine qui composent les revues spécialisées, les dossiers de candidature aux prix d’architecture ou encore les expositions et les plaquettes à visée promotionnelle. Ces conventions semblent laisser peu de marge de manœuvre à l’expression artistique des photographes, communément chargé de coller le plus fidèlement possible aux 3D lissées des perspectives de concours. Toutefois, certaines collaborations ont montré qu’il était possible de traduire une intention d’architecte à travers un travail subjectif, voire artistique : un travail d’auteur. À l’instar du duo Lucien Hervé/Le Corbusier, certaines collaborations contemporaines entre architectes et photographes – Maxime Delvaux/studio Muoto, Philippe Ruault/OMA, Bas Princen/Office – nous montrent qu’il est toujours possible de se jouer des codes imposés par les besoins en communication pour lier davantage œuvre architecturale et œuvre photographique[1]. En se basant sur l’observation de ces différents partis-pris, cet intensif propose d’interroger les enjeux de la photographie de commande à travers les notions de communication, de diffusion, de traduction et d’expression. Quelles pratiques entre architectes et photographes émergent derrière ces différentes postures de représentation et que nous révèlent-elles du milieu de l’architecture contemporaine ?

[1] Des ouvrages tels que Promenades : Photographie et architecture de Marco Schibig, édité chez Park Books en 2018 explorent le champ de la création photographique et donnent à voir autrement le travail de l’architecte : « une enquête artistique sur la rencontre entre l’architecture et la photographie ».

 

OBJECTIFS

Cet intensif propose aux étudiants de construire un point de vue et de restituer ce regard sur la photographie de commande en architecture sous la forme d’une production visuelle et orale. Les objectifs pédagogiques de l’enseignement s’organisent autour de trois thèmes principaux :

La photographie d’architecture : affiner le regard sur les questions de dimension plastique, de format, de point de vue, de cadrage, de perspective comme moyen d’expression d’un propos et d’une identité, par-delà les codes des supports de communication communément répandus. Développer une culture autour de la photographie de commande et de ses spécificités en les replaçant dans le contexte plus large de la photographie d’architecture, dans sa dimension historique, artistique et juridique.

La construction d’un point de vue : savoir décrypter le réseau d’acteurs, identifier leurs objectifs, prendre conscience des enjeux autour des différentes pratiques photographiques et architecturales et inviter à mettre en évidence les différents angles d’approche par des comparaisons. Enrichir la capacité à se documenter et à recouper des informations.

Le rôle du marketing de soi et de la communication : interroger le statut d’auteur et le pré-formatage des pratiques, de la commande passée de l’architecte jusqu’aux codes imposés par les supports de diffusion, en passant par la réponse du photographe. L’étude des différentes postures et productions architecturales et photographiques permettront d’appréhender l’importance de la hiérarchie symbolique et des modalités de promotion dans le milieu de l’architecture.

 

CONTENUS

En choisissant comme terrain les commandes de photographies d’architecture, cet intensif propose aux étudiant.e.s de se saisir des enjeux de leur futur monde professionnel et de leur sphère d’influence. Car décortiquer les « règles du jeu » de la commande de photographies d’architecture (dans leur processus d’attribution, de réalisation et de diffusion) offre l’occasion de comprendre un peu mieux celles du milieu de l’architecture. Étudier les relations sociales qui se tissent à travers ces reportages éclaire les acteurs qui interagissent au sein de cet univers particulier, composé « d’œuvres » architecturales, « d’œuvres » photographiques, de personnalités, de jeux d’auteurs et de communication. Aussi nous profiterons de cette semaine d’exploration pour nous demander, avec les outils des sciences sociales et les instruments de l’enquête journalistique : quel est le rôle des photographies de commande en architecture et quel type de discours et de documents produisent-elles ? Les questions abordées s’organisent autour de trois axes :

  • Le contexte de communication autour de l’architecture :

Communiquer est un acte qui s’organise. La narration et le récit d’un projet révèlent un positionnement assumé, créent du lien entre les différents intervenants et rendent intelligible une démarche. Ce travail de valorisation aide les architectes à développer leurs réalisations tout en leur permettant de se démarquer sur un marché concurrentiel. La réflexion autour de la médiatisation est aujourd’hui prise en compte dès la conception des projets. Ainsi, l’appropriation des outils de communication – design graphique, texte d’auteurs, photographie… – et la maîtrise des supports de médiatisation – presse spécialisée, édition, exposition…– sont devenues centrales dans le métier d’architecte. L’intensif a vocation à permettre aux étudiant.e.s de s’approprier les clés de lecture de l’image, afin de comprendre les mécanismes de l’accès à la commande des architectes et de mieux saisir le régime médiatique dans lequel ces derniers évoluent aujourd’hui.

  • Les relations architectes/photographes :

La photographie de commande s’intègre de plus en plus à la démarche de l’architecte. Les photographies et les photographes deviennent ainsi les porte-paroles d’un travail : l’œil de Myr Muratet a la capacité de traduire « l’activité humaine » dans un lieu conçu par Chartier-Dalix ; le regard de Cyrille Weiner sur l’architecture de Patrick Bouchain permet d’en percevoir « ce qui n’est pas visible ». Le photographe participe à la mise en image et à la diffusion d’une « œuvre » architecturale : son rôle est de rendre intelligible un projet, à travers une part d’interprétation, souvent mise en tension avec les intentions de l’architecte. Quels rapports entre architectes et photographes se cristallisent autour des notions « d’œuvres » photographique et architecturale, du statut d’auteur et de la propriété intellectuelle ? L’intensif permettra de comprendre les enjeux et le système d’acteurs du reportage de commande.

  • Le travail des photographes :

Combinée à sa vocation de support de communication, la photographie peut également être un révélateur des qualités spatiales intrinsèques au bâtiment. Réussir une représentation de l’architecture, de l’espace – ou encore de « l’habiter », du « vivre ensemble », du « commun », du « déjà là » pour reprendre le vocabulaire de certain.e.s photographes – est devenu un nouvel enjeu pour les acteurs de la profession. La capacité à traduire une intention architecturale en tenant compte de sa matérialité, de son contexte, du vivant qui l’anime, est pour beaucoup d’architectes liée à l’intuition du photographe privilégiant le ressenti dans sa recherche rigoureuse autour du point de vue, dont il n’existe aucun mode opératoire préétabli. L’intensif interrogera donc les limites entre document et « œuvre » artistique dans la photographie de commande, notamment à travers la marge de manœuvre de créativité du photographe et sa capacité à scénariser un espace.

 


L’équipe d’encadrement

 

  • Enseignantes responsables :
    • Karine Guilbert, architecte DPLG, fondatrice de l’agence Comme on vous parle, autrice de l’ouvrage Photographier l’architecture, ex-rédactrice iconographe d’AMC
    • Margotte Lamouroux, architecte DE ENSAPM, membre associée laboratoire LET, journaliste indépendante spécialisée, ex-rédactrice en cheffe de Séquences Bois.
  • Enseignant parrainant l’intensif : Bertrand Lamarche, artiste, maître de conférences ENSAPM, lauréat du prix Marcel Duchamp en 2012.

 

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